
"Ne cessez jamais de rêver. Le chemin sera difficile, parfois solitaire, mais croyez-moi, c'est possible." - Kim Le Court-Pienaar

Ne cessez jamais de rêver. Le chemin sera difficile, parfois solitaire, mais croyez-moi, c'est possible.
À la veille du GP de Plouay, nous avons rencontré Kim Le Court-Pienaar. La conversation s'est transformée en une discussion ouverte où nous avons évoqué son Tour de France Femmes historique, où elle est devenue la première femme africaine à porter le maillot jaune et a écrit l'histoire avec son équipe.
Mais Kim ne s'est pas contentée de revenir sur le passé. Avec la même passion, elle a également parlé de ce qui l'attend encore : les objectifs qu'elle s'est fixés pour le reste de la saison, une histoire particulière concernant le TDFF et son impatience à l'approche des Championnats du Monde au Rwanda.
Découvrez les réflexions de Kim dans la séance de questions-réponses ci-dessous.
Comment avez-vous vécu les trois dernières semaines après le Tour de France Femmes avec Zwift ?
Les trois dernières semaines ont été un véritable mélange d'émotions. D'un côté, je suis très reconnaissante, c'est un moment très spécial dans ma carrière et j'ai tellement progressé en si peu de temps. Le Tour m'a apporté des expériences et des souvenirs que je garderai pour toujours, et je ne prends rien de tout cela pour acquis. En même temps, ce n'est pas quelque chose dont on peut simplement se détacher, il faut du temps pour s'adapter à tout ce qui va avec, tant sur le vélo qu'en dehors. Certains jours, cela a été bouleversant, mais le fait d'avoir mon mari à mes côtés pendant toute cette période a été une véritable bénédiction. Il m'a aidée à garder les pieds sur terre, m'a rappelé de respirer et m'a aidée à vraiment apprécier la beauté de ce qui se passe dans ma vie en ce moment.
Pour en revenir au TDFF, cela a-t-il changé la personne qu'est Kim Le Court-Pienaar ?
Je ne sais pas si cela m'a changé en tant que personne, mais cela m'a profondément touché. Le Tour m'a fait vivre des moments que je n'aurais jamais imaginés. Porter le maillot jaune, remporter une étape, cela reste gravé en vous pour toujours. Cela n'a pas rendu ma vie plus facile du jour au lendemain, ni fait de moi quelqu'un de différent, mais cela m'a donné une plus grande confiance en moi. Je dirais que cela m'a enrichie plutôt que changé.
Nous avons vu beaucoup de drapeaux mauriciens et de soutien pendant le TDFF, cela doit vous rendre fière ?
Chaque drapeau que j'ai vu m'a profondément touché. C'est difficile d'expliquer ce que cela signifie quand vous êtes là, à souffrir sur votre vélo, et que vous apercevez soudain les couleurs de votre île flotter dans la foule. Cela m'a donné la chair de poule à chaque fois. L'île Maurice est toujours avec moi, sur mon maillot, dans mon cœur, et voir ce soutien m'a rendu non seulement fière, mais aussi incroyablement émue.
Nous avons remarqué un bracelet spécial après la deuxième étape. Quelle est son histoire ?
Ce bracelet n'est pas un simple bracelet. Après la deuxième étape, lorsque j'ai porté le maillot jaune pour la première fois, une petite fille et ses parents, originaires de l'île Maurice, m'ont attendue à la sortie de la conférence de presse, alors qu'il ne restait plus personne. Elle s'est approchée de moi avec ce bracelet qu'elle avait fabriqué elle-même, aux couleurs de l'île Maurice, et me l'a offert avec un grand sourire. Je n'oublierai jamais la lueur dans ses yeux lorsqu'elle m'a regardée. Cela m'a profondément touchée, car cela m'a rappelé exactement pourquoi je me donne à fond pour atteindre mes objectifs : pour les petites filles comme elle, pour la prochaine génération. Qu'il s'agisse d'une seule fille ou de dix, si je peux inspirer ne serait-ce qu'un seul enfant à rêver, alors cela en vaut la peine. Ce bracelet est devenu mon souvenir d'elles et de l'avenir. J'ai dit à la petite fille que je le porterais pendant le reste du Tour, ce que j'ai fait.
Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
Bien sûr, le plus important pour moi est le Championnat du Monde au Rwanda. J'y pense depuis longtemps et je veux tout donner. Mais au-delà des résultats, mon objectif est aussi de retrouver l'équilibre, d'être en paix avec moi-même, d'accepter les bons et les mauvais moments, et de laisser cela me rendre plus forte. Quand mon cœur et mon esprit sont au bon endroit, je sais que mes jambes suivront.
C'est une période formidable pour le cyclisme africain, à quel point vous sentez-vous chanceuse de vivre ces moments ?
Très chanceuse. Voir le cyclisme africain prendre son essor et faire partie de cette histoire est quelque chose dont je serai toujours fière. Cela montre au monde entier qu'aucun rêve n'est trop grand, aucune île trop petite, aucun milieu trop éloigné. J'ai l'impression que nous ouvrons la voie à la prochaine génération, et cela me motive énormément.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes cyclistes africains ?
Ne cessez jamais de rêver. Le chemin sera difficile, et parfois solitaire, mais croyez-moi, c'est possible. Il fut un temps où je n'étais qu'une fille à vélo à Maurice, avec rien d'autre qu'un rêve. Aujourd'hui, j'ai remporté une étape du Giro, Liège-Bastogne-Liège, une étape du Tour de Grande-Bretagne, une étape du Tour de France féminin, j'ai porté le maillot jaune quatre jours au Tour, et je continue de rêver. Si j'ai pu le faire, vous le pouvez aussi.